Soupçon
Histoires pressées, Bernard FRIOT, coll. Zanzibar, Milan.
Niveau d'exploitation : CE2 – CM1 - CM2
Soupçon, Histoires pressées, Bernard FRIOT, Milan (1988)
J'ai tout de suite compris qu'il s'était passé quelque chose de grave. Dès que je l'ai vu. Il avait sauté sur mon
lit et il se léchait les babines d'une manière qui m'a semblé bizarre. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais
ça me semblait bizarre. Je l'ai regardé attentivement, et lui me fixait avec ses yeux de chat incapables de
dire la vérité.
Bêtement, je lui ai demandé:
- Qu'est-ce que tu as fait?
Mais lui, il s'est étiré et a sorti ses griffes, comme il fait toujours avant de se rouler en boule pour
dormir.
Inquiet, je me suis levé et je suis allé voir le poisson rouge dans le salon. Il tournait paisiblement dans son
bocal, aussi inintéressant que d'habitude. Cela ne m'a pas rassuré, bien au contraire. J’ai pensé à ma souris
blanche. J’ai essayé de ne pas m'affoler, de ne pas courir jusqu'au cagibi où je l’ai installée. La porte était
fermée. J'ai vérifié cependant si tout était en ordre. Oui, elle grignotait un morceau de pain rassis, bien à
l'abri dans son panier d'osier.
J’aurais dû être soulagé. Mais en regagnant ma chambre, j'ai vu que la porte du balcon était entrouverte. J’ai
poussé un cri et mes mains se sont mises à trembler. Malgré moi, j'imaginais le spectacle atroce qui
m'attendait. Mécaniquement, à la façon d'un automate, je me suis avancé et j'ai ouvert complètement la
porte vitrée du balcon. J'ai levé les yeux vers la cage du canari suspendue au plafond par un crochet.
Étonné, le canari m'a regardé en penchant la tête d'un côté, puis de l'autre. Et moi, j'étais tellement hébété
qu'il m'a fallu un long moment avant de comprendre qu'il ne lui était rien arrivé, qu'il ne lui manquait pas une
plume.
Je suis retourné dans ma chambre et j'allais me rasseoir à mon bureau lorsque j' ai vu le chat soulever une
paupière et épier mes mouvements. Il se moquait ouvertement de moi.
Alors, j'ai eu un doute. Un doute horrible. Je me suis précipité dans la cuisine et j'ai hurlé quand j'ai vu...
Le monstre, il a osé! Il a dévoré...
Je me suis laissé tomber sur un tabouret, épouvanté, complètement anéanti. Sans y croire, je fixais
la table et l'assiette retournée.
.. Il a dévoré mon gâteau au chocolat!
thématique |
ça parle d’un chat qui a fait quelque chose de grave |
emplacement de l'idée |
à la fin du texte |
nombre d'idées |
une |
- première lecture (sans les deux dernières phrases)
- construction de l'idée principale supposée du texte.
- émissions d'hypothèses (Qu'a fait le chat?)
- lecture par étape qui suit la progression du personnage principal dans le texte :
salon, cagibi (inquiétude puis soulagement : poisson rouge, souris blanche)
balcon (inquiétude puis soulagement : canari)
niveau de lecture |
implicite |
chambre (moquerie du chat, inquiétude puis hypothèse implicite du gâteau au chocolat)
cuisine (vérification de l’hypothèse implicite du gâteau au chocolat, confirmation puis atterrement)
travail sur le titre et identifier l’idée principale : la quête du propriétaire du chat sur ce que le chat a fait « de grave »
Exploiter la frustration provoquée par l’absence de fin :
- Pourquoi être anéanti ?
- Qu’a dévoré le chat ?
Emissions d’hypothèses (réponses attendues réalistes : quelque chose que le chat peut manger - animaux - ou extraordinaire - maman…-).
Vérifier dans le texte et faire prendre la mesure du décalage entre le crime et la façon dont il est présenté.